Films
russes sortis en 2003 à Moscou |
Titre & réalisateur |
Commentaires |
Baboussia
de Lidia Bobrova
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Boomer
de Piotr Bouslov |
Mon âme pour une BMW
Excellent thriller qui a fait un tabac en Russie. Une bande
de potes vivants de menues
escroqueries
doivent prendre le vert à la suite d'un incident avec des caïds moscovites.
Leur virée se termine très mal : mort, trahison, honte. Bien filmé, avec un
soupçon de réalisme russe, d'efficacité américaine et de romantisme pour les
gangsters. |
Carmen
d'Alexandre Khvan
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Téléfilm navrant
Carmen sort de prison et séduit un gendarme. Avec le cadre
ukrainien pour toute adaptation. Malheureusement, le réalisateur aurait pu
regarder ce qui a été fait avant lui parce que ce film manque totalement
d'imagination, de style et d'invention. Carmen, un thème aussi galvaudé,
nécessite un minimum de culture sinon on subit une comparaison difficile.
Ici, on comprend tout d'avance et le jeu des acteurs est navrant. |
La Clé de la
chambre à coucher d'Eldar Riazanov
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Le vaudeville russe ou l'humour allemand ?
Aussi inventif qu'un plenum du politburo, aussi drôle qu'une
chaîne télé bavaroise, le nouveau film d'Eldar Riazanov est une nouvelle
incitation à l'avance de la retraite pour les réalisateurs soviétiques. On
ne rigole pas du tout dans cette comédie pourtant servie par des acteurs
confirmés. |
Le dernier
train d'Alexeï Alexeïevitch Guerman Junior
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Le gentil docteur de
la Wehrmacht
Les russes ne nous avaient pas habitués
à des films de guerre aussi peu patriotiques. Alexeï Guerman n’a pas manqué
de courage, car même en 2004 il se trouve peu de gens disposés à compatir
aux souffrances des soldats allemands sur le front de l’est.
Un gros médecin allemand est envoyé sur
le front en pleine débâcle sous la poussée des partisans et de l’armée
rouge. Fort mal accueilli par son supérieur, il se met à errer sur le front,
perdu entre les cadavres et les balles qui sifflent à ses oreilles.
A un an du 60ème anniversaire
de la victoire finale, la « Grande Guerre Patriotique » inspire toujours les
jeunes cinéastes russes, mais désormais en toute liberté. Pas comme en 1982,
où le magnifique film « la Poudre» (Porokh) de Victor Aristov, sur le blocus
de Leningrad, était passé à la trappe après avoir coûté des millions de
roubles. La peur y était filmée avec trop de réalisme.
Alexeï
Alexeïevitch suit les traces de son père, l’immense Alexeï Guerman, auteur
de « 20 jours sans guerre » en 1976. On filme toujours en noir et blanc, les
souffrances des petites gens, mais le fils Guerman stylise à l’extrême,
insiste sur des détails négligés de la guerre. Et pas la moindre trace
d’héroïsme. |
En avant,
marche !
de Nikolaï Stamboula
Марш бросок
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Des C... grosses comme ça !
Pourquoi et
comme il faut se battre contre les méchants tchétchènes. Un héros courageux,
malchanceux et patriote. Des méchants rebelles et de lâches russes qui
n'osent se battre. Un vilain téléfilm nationaliste avec un vrai mauvais
acteur principal. |
Koktebel
de Boris Khlebnikov
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Entre papa et la mer noire
prix spécial du jury au MIFF (festival international de
Moscou) en 2003. Un père tente de regagner l'estime de son fils en arrêtant
de boire de l'alcool et en l'emmenant à Koktebel, au bord de la mer noire. A
pied. En faisant des petits boulots sur la route pour survivre.
Un film émouvant
sur les rapports père-fils dans une société où les liens sociaux se
distendent jusqu'à la rupture du coeur de la famille... De déceptions en
déceptions, le fils parviendra-t-il à comprendre son père ? En tout cas, le
spectateur pénètre au fond du problème et voyage au coeur de la Russie. |
Marche des
Slaves de Natalia Piankova
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Larmoyant et
confus
Pas vraiment
un film patriotique, ni une dénonciation de la guerre russo-tchétchène. On ne voit pas très bien où le réalisateur veut en venir,
par contre on a droit aux tribulations d'une mère, partie dans la zone de combat à la recherche de son fils prisonnier
des rebelles. C'est une femme simple, c'est le moins qu'on puisse dire au vu
de son comportement à la limite de l'idiotie, en tout cas difficilement
compréhensible pour un européen. Le film tente de faire dégouliner les bons
sentiments mais les défauts de réalisation nous laissent de marbre assister
à ce spectacle tragique. |
Les Vieilles
de Guennadi Sidorov
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Matriona
sauvera le monde
Avec son dernier film « Staroukhi »
(vieilles femmes) Guennadi Sidorov enrichi la longue liste des œuvres russes
à la gloire de la Babouchka. Oui, il s’agit bien de cette créature
immémoriale que l’on croise tous les jours et partout, à la ville comme à la
campagne. Evitant soigneusement le misérabilisme ou les clichés, Sidorov
dépeint une hilarante compagnie de babouchki isolées du monde dans un petit
hameau décrépi. Délaissées, les
staroukhi
conservent une humanité salutaire malgré la dureté de leur existence. Seuls
des militaires passablement déjantés viennent leur rendre visite – pour
faire provision de samogon - l'alcool maison qui déchire les neurones. En
échange, pour rendre service à la doyenne, on tire au canon sur un bâtiment
gênant.
L’arrivée de réfugiés tadjiks ébranle la
petite communauté, donnant lieu à des incidents tragiques mais également
comiques. Qui aurait cru qu’un vieux mufti puisse réveiller involontairement
les passions amoureuses et la jalousie de deux babouchki ? Mais au-delà du
magistral tableau humain, on est subjugué par les longues séquences où le
réalisateur filme des paysages de toute beauté. C’est un chef d’œuvre ! |
La Photo
d'Alexandre Galine |
vu... et aussitôt
oublié |
La promenade
d'Alexeï Outchitel
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Vibrante Promenade
pétersbourgeoise
« Progoulka », le dernier film d’Alexeï
Outchitel, a déjà bien fait parler de lui avant d’arriver dans les salles.
La première projection publique, lors du Festival International du Film de
Moscou en juin dernier, a presque tourné à l’émeute. C’est que le tout
Moscou attendait avec impatience les expérimentations caméra à l’épaule du
réalisateur de « Dnevnik evo jeny ».
Deux garçons et une fille errent à
travers la capitale du nord, illustrant aussi nettement l’atmosphère de la
ville que l’état d’esprit de sa jeunesse.
La distribution est confiée non pas des
acteurs pétersbourgeois (remarquent les acariâtres) mais à l’illustre troupe
du Fomenko studio.
Se distingue particulièrement la
pétulante Irina Pegova, dont le jeu ne plaira peut-être pas à tout le monde,
mais en tout cas à ceux qui aiment les physiques plantureux. Elle est le
centre du film autour duquel deux jeunes hommes marivaudent, le romantique
et le cynique. Outchitel n’évite pas tous les clichés sur la romance, mais
il compense par l’inventivité permanente de sa caméra. |
Remerciez la
Femme de Stanislav Govoroukhine
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Offerte à Staline
Destin
d'une femme simple dans l'époque difficile du stalinisme. Pauvre pêcheuse
sur les rives de la mer noire, séduite et mariée à un militaire macho,
taciturne et égoïste, elle est emportée dans le tourbillon des délations
puis de la guerre. Dont son mari ressort brisé et incapable de lui donner
des enfants. Après sa mort, elle finit par découvrir l'amour... mais nous on
a déjà compris que c'était pas un chef-d'oeuvre. Plutôt un mélo vaguement
dénonciateur de l'époque stalinienne, avec un côté nostalgique quand même
pour pas corser l'affaire. Moyennement inspiré, moyennement joué par
l'actrice principale dont le jeu est aussi passif que le personnage. |
Le Retour d’Alexandre Zviaguintsev
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Le Lion d'or à Venise !
Voir article ici
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Les tempêtes
magnétiques de Vadim Abdrachitov
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Tempêtes magnétiques…
bien terrestres
Le nouveau film du réalisateur Vadim
Abdrachitov nous ramène dans l’époque troublée de la perestroïka. C’est du
cinéma d’auteur réussi, avec une manière de filmer exceptionnellement
dynamique.
On commence par une rixe nocturne
tellement stylisée qu’elle en devient tout à fait esthétisante. Des bandes
d’ouvriers se battent autour de leur usine, après le travail. Le côté irréel
apparaît progressivement lorsqu’on s’aperçoit que personne n’est vraiment
amoché. Ce n’est pas Matrix, mais les bagarres locales sont plus « en
couleur » dans la réalité. Plus de loi ni d’ordre, la violence est
omniprésente et filmée avec une complaisance certaine.
L'axe du film, c’est un jeune couple
provincial qui s’en sort apparemment plutôt bien mais qui voit son douillet
cocon peu à peu transformé par les « tempêtes magnétiques » environnantes.
Les alternances brutales entre les
scènes idylliques à la campagne et la violence quotidienne de l’époque
constituent l’aspect le plus fascinant du film. L’action se passe à l’époque
de la perestroïka, lorsque les bandes mafieuses se disputent le contrôle
d’usines. L’atmosphère provinciale est faite de désarroi, de désordre et
d’absence complète de justice. En même temps, Abdrachitov nous fait bien
sentir à quel point l’atmosphère est électrique. Il prend plaisir à plagier
par instant le cinéma soviétique et son optimisme oxydé, complètement
rouillé même. Comme souvent avec le cinéma russe on se demande s’il s’agit
d’une satire complexe du passé soviétique ou de l’expression confuse d’une
profonde nostalgie. |