Triste fin de saison !
Evgueni Kolobov, le chef et fondateur du Novaïa Opera,
est décédé d’une crise cardiaque chez lui le 15 juin. Le toit du théâtre
musical Stanislavski et Nemirovitch-Dantchenko est la proie d’un incendie le
18 juin. Enfin, on n’a pas eu beaucoup de raisons de se réjouir des
premières de cette fin de saison. La dernière en date, l’Affaire Makropoulos
(de Janacek) au Helikon opéra, s’est révélée décevante. Les difficultés
présentées par le livret n’ont pas vraiment été surmontées, ni par les
chanteurs, ni par le metteur en scène Dmitri Bertman, habituellement plus
inspiré. Cela dit, l’Affaire Makropoulos valait bien mieux que les autres
premières de cette fin de saison 2002-2003. Le catastrophique « Rouslan et
Lioudmila » (de Glinka) au Bolchoï Théâtre restera dans les mémoires comme
un exemple de ce qu’il ne faut pas faire.
Revenons sur la disparition prématurée d’Evgueni
Kolobov, dont les conséquences risquent de peser lourdement sur le futur du
Novaïa Opera. Kolobov était un chef lyrique de très grand talent, doté d’un
caractère peu commun et aux opinions controversées. Il n’hésitait pas à
affirmer que « la meilleure musique a déjà été composée » en sous-entendant
il y a plus d’un siècle. Controversé également pour ses révisons
aventureuses de classiques, il enjambait frivolement les critiques :
« j’expliquerai à Tchaïkovski dans l’autre monde pourquoi j’ai sauté ces
quelques mesures ». Kolobov n’étais pas un avant-gardiste (aucun opéra du
20ème siècle ne figurait à son programme) mais il avait su créer un
excellent orchestre dans une salle acoustiquement parfaite. Et c’était un
perfectionniste capable de faire ressortir le meilleur de chaque oeuvre.
Le Novaïa Opera, malgré les rumeurs qui prédisent sa
disparition, prévoit trois premières pour la saison prochaine : un hommage à
Maria Callas, La Pêcheuse de Perles de Bizet et une Fiancée du Tsar de
Rimski-Korsakov.
Quant au Stanislavski, les plans de la saison prochaine
sont encore cachés par un écran de fumée. L’incendie n’est pas en cause car
les dégâts sont considérés comme minimes. La salle devait de toute manière
être fermée pour les deux prochaines années afin d’être rénovée. Le Helikon
reste également discret sur la prochaine saison. L’opéra de Bertman attend
impatiemment l’attribution d’une nouvelle scène plus à la mesure de son
talent.
Le Bolchoï a en revanche donné un aperçu des nouvelles
productions qui nous attendent à la rentrée. Verdi tout d’abord avec un
Macbeth le 8 octobre, dirigé par le grand chef italien Marcello Panni.
Tchaïkovski ensuite avec un Mazeppa dirigé par Alexandre Titov à la fin
janvier. L’Ange de Feu de Prokofiev – une partition magnifique et rare –
mise en scène par l’américaine Francesca Zambello, dont on avait vu le
Turandot cette saison. Ce sera pour le 22 avril. Et enfin une autre
surprise, un Wagner ! Le Hollandais Volant avec lequel le chef principal du
Bolchoï, Alexander Vedernikov, aura fort à faire.
La création tant attendue de l'opéra de Deciatnikov
"Cinq Compositeurs-Clones » sur un livret de l’écrivain Vladimir Sorokine
est repoussée une nouvelle fois à la saison suivante.
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