Bratia po Razumu a démarré au milieu des
années 80 comme une formation de Rock souterraine sans lieu de répétition ni
moyens techniques. Ils répétaient de manière illégale dans les célèbres
studio de cinéma soviétiques Mosfilm en utilisant le matériel sur place. La
formation elle-même avait déjà une allure inhabituelle : 2 bassistes, 2
batteurs, 2 claviéristes et 2 chanteurs. Il leur était difficile à l'époque
- en tant que groupe non officiel - de se produire en concert. La situation
changea radicalement au tournant des années 90 et grâce à leurs nombreux
contact dans la contre-culture, ils parvinrent à saisir des opportunités
dont une invitation d'Alexei Borisov à faire la première partie du groupe
Américain Sonic Youth en 1991.
Depuis, Bratia po Razumu a connu quelques
changement de personnel, a produit quelques albums dont "Albomytch" sur le
label Pourpournye Legion en 1998.
Aujourd'hui, la formation comprend :
Igor Chaposhchhikov
Andrei Kireïev
Igor Gotsmanov
Ivan Lebedev
Paval Oganov aka Kambala
Exotica, leur label et ardent promoteur
actuel fait circuler des histoires étranges à caractère probablement
humoristique et absurde, histoires de petits hommes bleus venus d'une autre
planète et qui participeraient à la musique du groupe.
La réalité est bien plus prosaïque puisque
la musique ne recèle rien d'autre qu'une toile de fond instrumentale
électronique, calme, vaguement naïve, avec un son clair et sans tâche. Rien
de magique comme le titre de l'album aurait laissé penser. Un amusant goût
pour les langues étrangères et en particulier le français laisse entendre
que les OVNI se sont planté d'adresse et ont confondu la Karélie avec le
Morvan. Tant pis pour eux. Leur vaisseau spatial a été abattu par l'armée non loin de
Saint-Pétersbourg. A chacun d'apprécier le terrible accent lorsqu'ils
chantent en français.
L'album se termine sur un amusant morceau
conçu à partir de samples d'une marche patriotique soviétique. La dérision,
le clin d'oeil dépassionné au passé ambigu du pays est devenu un cliché
qu'aiment à répéter nombre de jeunes musiciens russes. La marche se termine
sur des huées de la foule.
Musicalement, on n'est pas très loin de
F.R.U.I.T.S période Jacuzzi (2001). Il s'agit donc d'une tendance forte de
la musique électronique russe actuelle. Sauf que F.R.U.I.T.S. est quant même
beaucoup plus intéressant...
Mais pourquoi cette fascination pour les
sons proprets et complètement rétrogrades ? Tous les bips et plocs plics qui
émerveillaient par leur naïveté chez Kraftwerk ou Clock DVA sonnent d'une
manière si désuète aujourd'hui. Il ne manque jamais d'amateurs pour les
modes rétro, mais dans ce cas il ne faut pas se draper dans l'apologie de la
nouveauté et de l'originalité.
La vérité, c'est que je n'entrave rien du
tout au "easy listening". Cette musique me laisse complètement froid,
ennuyé. Au delà de 10 minutes, la totale platitude finit par m'exaspérer et
je fous le disque à la poubelle. |