Films
russes sortis en 2004 à Moscou |
Titre & réalisateur |
Commentaires |
"4" d'Ilia Khrjanovski |
Clones et
icônes Un film
complètement barré, expérimental et choquant comme seul l'écrivain Vladimir
Sorokine est capable de les imaginer. Auteur de son 3ème scénario (après
"Moscou" et "Kopeïka") Sorokine marque de son empreinte un film évoquant
simultanément la machine, le clonage, l'administration présidentielle, les
orgies de babuchki et la prostitution. Pas vraiment des sujets à la mode
dans la morne Russie poutinienne. Résultat, le film se voit refuser
l'autorisation de sortie dans les salles russes.
Par
contre, le film poursuit une belle carrière dans les festivals
internationaux. Il vient de remporter le 1er prix "Theo Van Gogh" au
festival de Rotterdam et paraît destiné à devenir un film culte puisque
seuls les passionnés de cinéma russe expérimental pourront le voir...
Il n'y a pas vraiment d'histoire dans ce film. Tout tourne
autour de 3 personnages qui ne se croisent que lors d'une scène étrange lors
de laquelle, dans un bar, ils font connaissance se mentent tous les uns aux
autres. Rencontres ratées. Tous trois sont déçus par leurs existences
insatisfaisantes dans un monde aux valeurs factices.
L'absurdité, la
vulnérabilité et les pulsions jaillissantes surgissent à chaque scène du
film. Bien que le fil conducteur soit insaisissable, on est fasciné par la
description de ce monde dont plus l'absurdité nous apparaît, plus on se sent
condamné à y vivre.
Tourné avec un
casting hétéroclite (l'actrice principale est dans la vie une strip teaseuse
professionnelle (Marina Vovtchenko), Chnourov est connu comme le chanteur du
fameux groupe "Leningrad"), ce film se grave de manière indélébile dans la
mémoire. C'est le premier long métrage du réalisateur Ilia Khrjanovski, dont
on attend désormais énormément. |
Chiza de Goulchad Omarova
Шиzа |
Sauvageon des steppes
Chiza grandit difficilement dans le Kazakhstan d'aujourd'hui.
Rabatteur pour un bookmaker sans scrupules, l'adolescent recrute des
candidats au combat sans règle. Témoins de la mort de l'un d'entre eux, il
se rend chez sa veuve, dont il tombe amoureux.
Portrait réaliste, avec une pointe de romantisme d'un jeune
homme abandonné à lui-même dans le chaos de ce pays triste et plat, où vous
n'irez jamais passer vos vacances. |
Déesse de Renata Litvinova
Богиня |
L'enquêtrice ne tourne pas rond
Renata Litvinova, icône maniérée du cinéma d'auteur russe,
passe derrière la caméra. Son 1er film, ce qui ne surprendra pas les
connaisseurs, elle le consacre à elle-même. Incarnant une enquêtrice
totalement fada, sorte d'antithèse de la Kamenskaïa de Marinina, Litvinova
perd progressivement les pédales et ses amoureux transits. Virée de la
police, elle fini sur le pavé à la poursuite d'un amour dont elle n'est pas
capable...
Déesse est aussi maniéré que son auteur. Mais autant son jeu
(sa voix, ses gestes) devient rapidement agaçant dans un film conventionnel,
autant ici il fonctionne bien parce que tout est construit autour. On nage
donc dans les fantasmes égocentriques d'une actrice au faîte de sa renommée,
traumatisée par la mort de sa mère, le vieillissement et qui ne peut
toujours pas surmonter ses phobies de petite fille.
Heureusement, Litvinova ne manque pas de second degré et
d'humour. Si on ne comprend pas tout, au moins on se distrait. |
Numéro
Personnel de Evgueni Lavretiev
Личный номер |
Le FSB fait son cinéma
voir article |
Mon demi-frère Frankenstein de Valeri Todorovski.
Мой сводный брат Франкенштейн |
Fils prodigue psychopathe
En l'absence de
débat public sur la guerre de Tchétchénie, le cinéma russe prend la relève.
Todorovski choisit de montrer les ravages opérés sur l'arrière. Un soldat
gravement blessé et borgne revient du front pour demander de l'aide à son
père. Ce dernier ignorait l'existence de ce fils et vit au sein d'une
famille tranquille. Forcé de reconnaître sa paternité encombrante, il fini
par aider ce fils, mais s'aperçoit que celui-ci est encore bien plus atteint
psychiquement que physiquement...
Confus, tourné
dans la forme d'un polar, ce film ne sert pas suffisamment sa cause : la
double dénonciation d'une sauvagerie sans objet et de l'indifférence lâche
et complice du peuple. Le personnage du soldat blessé ne convainc pas, non
par faute d'être mal joué, mais parce qu'il est visiblement pas bien
construit. Dommage ! |
La Nuit est claire de Roman Balaïan
Ночь светла |
Bluettes à l'asile
Jolie histoire d'amour entre deux jeunes personnes altruistes qui s'occupent d'aveugles
dans un institut spécialisé. Tous deux travaillent dans une
institution en proie à de graves problèmes de financement... et oui, c'est
la Russie actuelle. Ce cadre permet au réalisateur de filmer avec une grande
sensibilité (un genre de Téchiné russe) des acteurs si talentueux... la
Russie reste un vivier inégalable. La direction d'acteur est à la hauteur,
pour preuve les résultats étonnants obtenus avec les acteurs aveugles. |
Papa de Vladimir Machkov
Папа |
Pour l’amour de Papa
Le cinéma russe est littéralement obsédé
par le rapport père fils ces derniers temps. Le Retour de Zvyagintsev,
Koktebel de Khlebnikov, Père et Fils de Sokourov et enfin... « Papa », le
premier film du talentueux acteur Vladimir Machkov, tous racontent cette
relation si
particulière.
Adapté de « Matrosskaïa Tichina », une
célèbre pièce de théâtre d’Alexandre Galitch, le film raconte les efforts
solitaires d’un vieux juif pour faire de son enfant un virtuose du violon.
Le rejeton quitte le modeste patelin ukrainien pour entrer au conservatoire
de Moscou. Le succès l’attend, mais survient la grande guerre patriotique...
Souvent à la limite du larmoyant, le
film porte un énorme souffle humaniste assez typique du cinéma russe. Sans
jamais tomber dans le ridicule. Visiblement, le film tenait particulièrement
au cœur de Machkov, qui du coup en fait un peu trop dans le rôle du père. Un
comble pour un acteur de cette trempe. Par contre, les autres personnages
sont d’une grande justesse et la réalisation soignée de Machkov révèle une
nouvelle facette de son talent. |
Russe de Alexandre Veledinski
Русское |
Limonov pour les pauvres d'esprit
Adaptation décevante de Mémoires d'un Punk de l'écrivain
controversé Edouard Limonov, le film fait penser à un énième téléfilm
tourné sans budget, sans idées, avec des acteurs amateurs. Qu'on aime ou pas
les idées de Limonov - pour ma part, je ne les aime pas du tout ! - le livre
et l'itinéraire étonnant de Limonov
méritait mieux. L'égocentrisme, la vivacité et le nihilisme du personnage
parviennent à nos yeux complètement émoussés par une réalisation absolument
plate et un acteur principal aux antipodes de Limonov : blasé, mignon, et
terne. |
Les Siens de Dmitri Meskhiev
Свои |
Au delà du patriotisme
Les Siens a remporté le grand prix du
festival international du film de Moscou (MIFF).
Succès tout à fait mérité pour ce film remarquablement réalisé, qui narre la
fuite de trois soldats de l’armée rouge capturés par la Wehrmacht. Un film
de guerre de plus, pensez-vous. Oui mais dans ce genre, les russes mènent la
danse. Les 5 premières minutes de « Svoi » filment avec une intensité
inouïe et un réalisme fracassant la Blitzkrieg hitlérienne. Rien que pour ce
début le film restera dans les annales
Notez que c’est la 1ère fois
qu’un film russe triomphe alors qu’on en est à la 26ème édition
du festival de Moscou ! On ne peut accuser le jury de chauvinisme,
d’autant qu’il fût présidé par le réalisateur Britannique Alan Parker. Ce dernier a
sans flatterie classé « Svoi » parmi les tous meilleurs films qu’il ait
jamais vu. « Svoi » a raflé également le prix du meilleur acteur pour Bogdan
Stoupka et celui du meilleur réalisateur. Le prix du public est allé à
« Papa », premier film de l’acteur russe confirmé Vladimir Machkov, qui y
interprète le rôle titre. Les deux films devraient sortir prochainement en
salle |
Le Temps de la moisson de Marina Razbejkina
Время жатвы |
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Veilleur de nuit de Timour Bekmanbetov
Ночной дозор |
Matrix
version russe
Sanguinolent, frénétique et bourré
d’effets spéciaux, « Notchnoï dozor », nous est présenté comme la réponse
russe au cinéma d’action Hollywoodien. Malheureusement on a parfois
l’impression de regarder « Pervy Kanal » (le TF1 russe) : beaucoup de violence, de pub et
de d'intox. Ne
manque que Poutine. Le placement de pub manque de finesse.
Difficile de ne pas remarquer Nescafé et MTS. Explication : Pervy Kanal a
produit le film. Aeroflot, par contre, menace de coller un procès au film
pour utilisation de son image sans son consentement (un de ses avions manque de
s’écraser…). Le montage ultrarapide impressionne, quoique trop
démonstratif. Les effets spéciaux et des acteurs convaincants sauvent
heureusement le film d'un ratage complet. Notchnoï dozor ouvre une nouvelle
ère pour le cinéma russe, celle des « gros budgets ». Encore riquiqui par
rapport à Hollywood (seulement $3 millions !!! - déclarés), mais bon signe
pour l’industrie russe du cinéma. |
72 mètres
de Vladimir Khotinenko |
Le Koursk
Fantasmé
C'est l'histoire tragique du sous-marin Koursk, sauf que ça
finit bien ! Un film apparemment patriotico-tendancieux mais qui en réalité
égratigne l'armée russe. Très bien réalisé, avec des
moyens convenables
(puisque c'est "patriotique" alors l'Etat paie !). On y voit des
sous-mariniers courageux et solidaires parvenant à sauver l'équipage en
l'absence d'aide extérieure. Ce qui en fin de compte met en lumière l'incompétence
totale des autorités dans l'affaire du Koursk ! C'est très bien filmé, avec
des acteurs qui s'éclatent et nous font passer ça pour un très bon film
d'action. Meilleur en tout cas que son équivalent américain grâce au
réalisme et au souffle humain inimitable du cinéma russe. |
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