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L'affiche du festival proposait
2 groupes russes en première partie, Misery et Reutoff. Le club Tochka,
où se déroulait le festival, dispose d'une large scène et d'un vaste
dance-floor. La décoration sobre et l'éclairage minimal correspondait
parfaitement avec l'esprit du festival. Le premier groupe, Misery, a
débuté devant un public moyennement concerné. Le musicien est seul,
penché devant son ordinateur portable, duquel il tire des nappes sonores
extrêmement linéaires, dans un style Dark Wave conformiste. Sa
prestation a duré environ 40 minutes pendant lesquelles le public, fort
patient, gardé les yeux rivés sur un spectacle tout à fait minimal. La
musique ne présente pas un grand intérêt, les sons ayant déjà été
entendus 1000 fois, et Misery ne semble pas disposé à les développer.
Misère musicale.
Venait ensuite le 2ème groupe russe, Reutoff,
probablement le plus connu à Moscou dans la scène Dark Wave / Indus. 3
bonshommes de forte corpulence débarquent avec un air assuré sur la
scène, et se placent devant deux vieux synthétiseurs soviétiques, le
reste étant plus habituel : table Behringer et pédales d'effets. Quant
au son, il reste à peu près le même que celui de Misery, c'est à dire
de la Dark Wave sans pulsation et sans voix. Très ennuyeux. Parfois des
bribes de rythmes se constituent puis disparaissent, engloutis par des
nappes bruiteuses mornes et interminables. Seul un morceau a rompu le fil
monotone des 40 minutes de concert, morceau qui consistait en un
échantillon inattendu. Reutoff nous a donné à entendre les éructation
en russe d'un ivrogne passablement malpoli et colérique. Après 5 minutes
d'humour bien gras auquel le public fut cependant sensible, le son de
Reutoff est revenu sur ses rails, longs comme ceux du transsibérien.
Ensuite, on est passé aux étrangers. D'abord Troum,
groupe allemand basé à Bremen, constitué de deux membres échangeant
guitares et harmonica. Mais ne vous y trompez pas, le son était
exactement le même que pour les groupes précédents. Disposant de
nombreuses pédales d'effets, les deux musiciens nous ont noyé sous un
déluge de réverb, flanger et autres distorsions huileuses. La guitare
était joué non pas au médiator mais avec un gadget en vogue qui fait
vibrer les cordes magnétiquement tout en projetant un rayon violet
visuellement efficace. De la frime encore, parce que le son ne décolle
jamais. Conformément aux groupes précédents, Troum reste statique sur
scène et ne reçoit que de maigres applaudissement à la fin.
Enfin la tête d'affiche, Bad Sector, un musicien
italien chauve et barbu équipé d'un portable et de lunettes munies de
mini projecteurs pour faire technologique. Très démonstratif, l'italien
agite ses mains au dessus d'un dispositif sensible au mouvement et qui
produit théoriquement des effets. Encore une fois, cela n'a pas créé ni
de spectacle, ni de résultat sonore concluant. C'est donc par une
tartufferie que semblait se terminer le festival...
...lorsque l'organisateur a annoncé que 3 musiciens
autrichiens se produiraient inopinément pour clore la soirée. Ces
musiciens, invités par Alexeï Borisov, ont sauvé la soirée par leur
inventivité sonore. Mais on les avait déjà entendu la veille
et l'avant-veille à Moscou.
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