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Beaucoup de bruit pour rien

Club Tochka

17.11.2002

Misery

Reutoff

Troum

Bad Sector

"Archaïsme et Technologie", festival de musique industrielle (sic) a présenté des groupes jouant une musique fort monotone, basée sur des nappes de synthé distordues et des mélodies qui auraient fait sourire un fan de technopop. 

L'affiche du festival proposait 2 groupes russes en première partie, Misery et Reutoff. Le club Tochka, où se déroulait le festival, dispose d'une large scène et d'un vaste dance-floor. La décoration sobre et l'éclairage minimal correspondait parfaitement avec l'esprit du festival. Le premier groupe, Misery, a débuté devant un public moyennement concerné. Le musicien est seul, penché devant son ordinateur portable, duquel il tire des nappes sonores extrêmement linéaires, dans un style Dark Wave conformiste. Sa prestation a duré environ 40 minutes pendant lesquelles le public, fort patient, gardé les yeux rivés sur un spectacle tout à fait minimal. La musique ne présente pas un grand intérêt, les sons ayant déjà été entendus 1000 fois, et Misery ne semble pas disposé à les développer. Misère musicale.

Venait ensuite le 2ème groupe russe, Reutoff, probablement le plus connu à Moscou dans la scène Dark Wave / Indus. 3 bonshommes de forte corpulence débarquent avec un air assuré sur la scène, et se placent devant deux vieux synthétiseurs soviétiques, le reste étant plus habituel : table Behringer et pédales d'effets. Quant au son, il reste à peu près le même que celui de Misery, c'est à dire de la Dark Wave sans pulsation et sans voix. Très ennuyeux. Parfois des bribes de rythmes se constituent puis disparaissent, engloutis par des nappes bruiteuses mornes et interminables. Seul un morceau a rompu le fil monotone des 40 minutes de concert, morceau qui consistait en un échantillon inattendu. Reutoff nous a donné à entendre les éructation en russe d'un ivrogne passablement malpoli et colérique. Après 5 minutes d'humour bien gras auquel le public fut cependant sensible, le son de Reutoff est revenu sur ses rails, longs comme ceux du transsibérien.

Ensuite, on est passé aux étrangers. D'abord Troum, groupe allemand basé à Bremen, constitué de deux membres échangeant guitares et harmonica. Mais ne vous y trompez pas, le son était exactement le même que pour les groupes précédents. Disposant de nombreuses pédales d'effets, les deux musiciens nous ont noyé sous un déluge de réverb, flanger et autres distorsions huileuses. La guitare était joué non pas au médiator mais avec un gadget en vogue qui fait vibrer les cordes magnétiquement tout en projetant un rayon violet visuellement efficace. De la frime encore, parce que le son ne décolle jamais. Conformément aux groupes précédents, Troum reste statique sur scène et ne reçoit que de maigres applaudissement à la fin. 

Enfin la tête d'affiche, Bad Sector, un musicien italien chauve et barbu équipé d'un portable et de lunettes munies de mini projecteurs pour faire technologique. Très démonstratif, l'italien agite ses mains au dessus d'un dispositif sensible au mouvement et qui produit théoriquement des effets. Encore une fois, cela n'a pas créé ni de spectacle, ni de résultat sonore concluant. C'est donc par une tartufferie que semblait se terminer le festival...

...lorsque l'organisateur a annoncé que 3 musiciens autrichiens se produiraient inopinément pour clore la soirée. Ces musiciens, invités par Alexeï Borisov, ont sauvé la soirée par leur inventivité sonore. Mais on les avait déjà entendu la veille et l'avant-veille à Moscou.