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Khovanchtchina

Moussorgski

Bolchoi 

Faust

Le Démon

Turandot

Ivan Soussanine

Die Walküre

Kitège

Lulu

Albert Herring

Ernani

Boris Godounov

Fiancailles au couvent

Mme Butterfly

Stanislav

Novaya

Bolchoi

Bolchoi

Bolchoi

Bolchoi

Helikon

Stanislav

Stanislav

Novaya

Stanislav

Stanislav

 

 

Unique production entièrement conçue à domicile cette année, la Khovanchtchina rassure quant aux capacités du Bolchoï à se relever après une décennie de fléchissement continu. Visiblement, les efforts appuyés du Bolchoï ont porté leurs fruits tant musicalement que théâtralement.

 L’intrigue particulièrement complexe de la Khovanchtchina et la longueur de la partition ne doivent pas décourager les mélomanes, parce qu’il s’agit d’une œuvre de premier ordre, que certains spécialistes considèrent comme un chef d’œuvre encore plus important que Boris Godounov.

 A sa mort, Moussorgski laissa la Khovanchtchina inachevée, très peu de pièces ayant été orchestrées. Pour le Bolchoï, le choix se posait entre les versions de Rimski-Korsakov et Chostakovitch.

 Beaucoup considèrent la version de Rimski-Korsakov tronquée et nettement décalée par rapport aux intentions de Moussorgski. On sent que ce dernier éprouvait une sympathie certaine pour Dossifei et les vieux-croyants tandis que Rimski-Korsakov, en progressiste qu’il était, a cherché à rendre Pierre plus sympathique. Chostakovitch, en soviétique, met en avant le peuple au-delà des intrigues politiques et religieuses. Finalement, l’œuvre a tellement fait l’objet d’interprétations politiques qu’il est impossible aujourd’hui d’en faire abstraction. Musicalement, comme pour Boris Godounov, l’orchestration de Rimski-Korsakov tant à gommer les aspérités et dissonances écrites par Moussorgski, tandis que Chostakovitch, par loyalisme, les souligne, arguant de leur modernité.

 Le Bolchoï  a opté pour la « vraie » version de Rimski-Korsakov, par opposition à la celle, comportant des coupures, qui était jouée à l’époque soviétique. Le chef Alexander Vedernikov, préfère cette version à celle de Chostakovitch qui selon lui est trop austère et empreinte d’une « atmosphère soviétique ». L’orchestre, contrairement à l’habitude, semble pris d’un enthousiasme et d’une ardeur équivalente à celle du plateau. Vedernikov a su mobiliser toute l’énergie des musiciens et atteint une très belle homogénéité, notamment avec le chœur, très présent dans cette partition.

Le metteur en scène Youri Alexandrov, venu du Théâtre Marinsky, justifie le choix de la version de Rimski-Korsakov par sa dimension « plus humaine ». Il souhaite souligner combien les Russes se trouvent démunis lorsqu’ils doivent faire face à leurs divisions internes alors qu’ils savent vaincre les ennemis extérieurs. On sent que le pétersbourgeois Alexandrov, en optant pour une reconstitution d’époque, a pris soin de ne pas froisser le public conservateur du Bolchoï. La mise en scène reste classique et sans extravagance, tout en portant une indéniable efficacité dramatique. Ce sont les décors et les costumes qui impressionnent le plus par leur beauté et leur faste.

 Le plateau est exceptionnellement homogène, sans erreur de distribution ni voix exceptionnelle. A noter toutefois le ténor Mikhaïl Urusov (Andrei) qui se distingue par une verve impressionnante, une voix éclatante et un jeu surexcité, à la limite parfois de la fébrilité. Mais ne boudons pas notre plaisir, car nous n’entendons pas souvent de si bons ténors dans les parages.

 Emmanuel Grynszpan