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La légende de la ville invisible de Kitège

Bolchoï

Khovanchtchina

Faust

Le Démon

Turandot

Ivan Soussanine

Die Walküre

Kitège

Lulu

Albert Herring

Ernani

Boris Godounov

Fiancailles au couvent

Mme Butterfly

Bolchoi

Stanislav

Novaya

Bolchoi

Bolchoi

Bolchoi

Bolchoi

Helikon

Stanislav

Stanislav

Novaya

Stanislav

Stanislav

 

 

Après de multiples péripéties (un figurant qui dégringole du décor au Metropolitan, puis vidés à deux reprises ces dernières semaines de vols internationaux pour avoir provoqué bagarres et autres prouesses alcooliques), la troupe du Marinsky prend le Bolchoï d’assaut à l’occasion d’un fort à propos festival du masque d’or. Monter avec la même équipe deux opéras aussi volumineux (respectivement 4 h 30 et 5 h) en deux jours d’affilée et dans un théâtre de tournée, voilà un genre d’exploit dont les occidentaux sont privés. Non sans raison. Mais ce qui est singulièrement déraisonnable semble réussir à l’inénarrable Gergiev. Chose extraordinaire, la précipitation avec laquelle ces événements n’ont pas manqué d’être organisés, cette précipitation n’apparaît pas sur la scène. Ce sont globalement de bonnes productions dont ont pu profiter les téméraires amateurs d’opéra du Bolchoï. Certes, les deux œuvres méritaient d’attirer l’attention vue la rareté de leur présence à l’affiche. 

Kitège est un somptueux opéra du dernier Rimsky–Korsakov, qui avait une science fantastique de l’orchestration. Le talent de Gergiev s’illustre dans sa conduite des nuances et des équilibres entre groupes instrumentaux. Kitège souffre de quelques longueurs notamment vers la fin, mais c’est l’opéra le plus élaboré de Rimsky–Korsakov. Les chœurs du Marinsky suivent leur chef avec une discipline impeccable, jusque dans les nuances les plus douces, ce qui n’est pas si courant chez les chœurs d’opéra. L’a capella de la fin du troisième acte peut laisser envieux le chœur du Bolchoï. L’enthousiasme ne suit pas en revanche en ce qui concerne la mise en scène, inégale et manquant d’unité. Une curieuse hésitation a saisi le décorateur, entre minimalisme, mysticisme et réalisme. La première scène dans la forêt fait penser à un salon Ikéa où déambulent des clients ensommeillés. Les habitants de Kitège–la–petite sont habillés dans le goût des marchés des environs de Moscou. Quant aux tatars, ils ressemblent à des amateurs de Marylin Manson et se trémoussent de la même manière, ce qui est somme toute fort distrayant. Malheureusement ils ont la mauvaise idée d’attaquer juchés sur de vilaines grues de chantier, dont les silhouettes incongrues sont plus ridicules qu’impressionnantes. Ce ne sont pas ces détails qui gâchent notre plaisir. La qualité des chanteurs et l’homogénéité de la distribution laissent admiratifs.

 Emmanuel Grynszpan