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Excellente surprise pour ceux qui
aiment découvrir des opéras méconnus ou modernes. Tiré d’une
nouvelle de Maupassant (le rosier de
Madame Husson), Albert Herring, est un opéra comique de chambre,
composé par le Britannique Benjamin Britten et créé en 1947.
Les notables d’un village du
Suffolk, dépités de n’avoir pas trouvé la moindre jeune fille
vertueuse pour participer à l’élection de la rosière, portent leur
choix sur le timide Albert Herring. Celui-ci, récalcitrant, participe
toutefois à la mascarade sous la pression de son envahissante mère.
Grisé par un cocktail dans lequel une main canaille a versé une large
portion d’alcool, Albert disparaît dans les bois et met le village en
émoi. La confusion sera plus grande encore lorsqu’il réapparaîtra
chargé d’un message pour le moins scandaleux…
Si la partition sonne résolument
moderne, elle ne risque de choquer que ceux qui sauté du train à la mort
de Puccini, autrement dit les irrécupérables. On entend de beaux airs,
des ensembles qui
- lorsqu’ils sont chantés avec
justesse – sonnent admirablement. Pas d’orchestre, mais un piano car c’est
une modeste production montée par les jeunes chanteurs de l’académie
du théâtre Stanislavsky. Hormis le ténor chantant le rôle du Maire,
fort crispé lors de la générale, les chanteurs s’en sortent très
bien. Ivan Ojoguin, dans le rôle titre, affiche une très jolie voix de
ténor, un peu mince encore, mais largement suffisante pour la salle du
foyer. Sont également très prometteurs la soprano Svetlana Arefieva dans
le rôle de la mégère Lady Billows et le baryton acrobate Artiom
Markovsky dans le rôle du vendeur de légume libertin. La remarquable
direction d’acteur d’Alexandre Titel met en valeur leurs jeunes
talents d’acteurs. Seul le premier acte manque de rythme. Un peu d’air
frais donc, à Moscou, et on espère que les directeurs de théâtres s’en
inspireront et feront preuve d’un peu plus de courage dans les
programmations de la saison prochaine.
Emmanuel
Grynszpan
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