français

english

Sniégourotchka

Opéra en 3 actes de Rimsky-Korsakov (1882)

Livret du compositeur d’après Ostrovsky

Bolchoï Theatre

Khovanchtchina

Le Démon

Turandot

Die Walküre

Ivan Soussanine

Kitège

Lulu

Albert Herring

Ernani

Boris Godounov

Fiancailles au couvent

Mme Butterfly

Bolchoi

Novaya

Bolchoi

Bolchoi

Bolchoi

Bolchoi

Helikon

Stanislav

Stanislav

Novaya

Stanislav

Stanislav

 

Chef d’orchestre : Nikolaï Alekseïev

Mise en scène : Dmitri Belov

Décors : Aliona Pikalova

Costumes : Maria Danilova

Lumières : Damir Ismagilov

 

Sniégourotchka : Irina Samoïlova

Le Roi Berendeï : Marat Galiakhmetov

Vesna : Marina Choutova

Moroz : Alexander Naumenko

Lehl : Helena Novak

Koupava : Helena Ievseïeva

Misgir : Nikolaï Kazansky

 

 29.11.2002

L’intérêt de cette Sniégourotchka ne résidait pas tant dans ses qualités propres que parce qu’elle fut choisie pour inaugurer la « nouvelle scène » du Bolchoï. Alors que la nécessité de la reconstruction du Théâtre du Bolchoï se fait chaque année plus pressante, une deuxième scène se situant dans un bâtiment se situant à une cinquantaine de mètres du Bolchoï vient d’être achevée pour accueillir des productions de taille moins importante et faire patienter le public pendant la période des travaux, qui devraient durer pas loin de 5 ans. C’est un théâtre à l’Italienne de 900 places de couleur pistache abondamment strié de dorures qui ne cède en rien au goût du jour. Un lustre disproportionné cache partiellement les bacchantes peintes au plafond par l’artiste « officiel » et omniprésent à Moscou – Zourab Tsereteli.

 

Bien que la « nouvelle scène » ait été conçue afin d’accueillir de nouveaux répertoires – opéra baroque, Mozart, créations – c’est une œuvre coutumière du Bolchoï qui l’inaugure. Un signe de plus de la difficulté qu’éprouve la direction de se défaire de son profond conservatisme. Ce n’est pas avant mai prochain que le public aura l’opportunité d’écouter un opéra baroque (Alcina). Quant aux opéras contemporains annoncés du bout des lèvres, rien de concret n’a été dévoilé.

 

Sniégourotchka nous a permis toutefois d’apprécier les possibilités de la nouvelle salle, ainsi que ses limites. De toute évidence, la « nouvelle scène » possède un équipement technique de premier ordre, tant pour les lumières que pour l’immense écran vidéo en fond de scène. La rapidité des changements de décors est impressionnante. Pas de déception sur le plan acoustique, bien que la présence du métro, peu profond à cet endroit, ait fait craindre le pire. Il était ce soir-là imperceptible. Le son de l’orchestre et des voix est un peu dur, mais équilibré et très bien défini. En revanche, les chanteurs se sont plaints publiquement de la difficulté qu’ils avaient à s’entendre, ce qui était perceptible au cours de la représentation.

 

La mise en scène de l’envoûtant conte de fée n’offre rien d’inoubliable. L’attention visuelle est toute entière captée par les magnifiques décors en mosaïques et la captivante projection vidéo qui occupe entièrement la moitié supérieure du fond de scène. La thématique s’inspire du grand peintre et décorateur russe du début du 20ème siècle, Nikolaï Roerikh, qui avait lui-même réalisé à plusieurs reprises les décors de Sniégourotchka. Fasciné par les racines scandinaves de la Russie, Roerikh avait créé un univers païen aux couleurs vives et sombres, où la roche, l’eau et le feu étaient représentés par des teintes informes. La vidéo imprime un mouvement incessant au spectacle et donne vie aux peintures de Roerikh, avec toutefois des ruptures stylistiques ponctuelles fort malvenues.

 

Chez les chanteurs, la somptueuse colorature d’Irina Samoïlova (Sniégourotchka) campe avec justesse une héroïne peu à peu gagnée par des sentiments amoureux et domine largement une distribution inégale. Misgir, son prétendant subjugué et impétueux, est chanté par Nikolaï Kazansky, entré récemment dans la troupe du Bolchoï. Son timbre de baryton est très prometteur, mais il semble gêné par l’acoustique de la salle et sa projection hésitante s’en ressent. La Koupava trop large et statique d’Helena Ievseïeva ne convainc pas tandis que le Le Roi Berendeï échoit à Marat Galiakhmetov un ténor au timbre serré et peu séduisant. Des problèmes de justesse et un jeu inexistant montrent le chemin qui reste à parcourir à ce jeune chanteur tout juste issu du conservatoire de Moscou. Les chœurs sont en revanche parfaits à chaque intervention, et l’orchestre conduit de main de maître à travers la subtile partition de Rimsky-Korsakov par le jeune chef Nikolaï Alekseïev.

.

Emmanuel Grynszpan