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pour une ville abritant cinq opéras,
moscou offre très peu d'opportunités d’écouter des opéras écrits
avant 1800. Même la musique de WA Mozart est rare dans des salles aussi
réputées que le Bolchoi ou le Helikon. L’exception vient du théâtre
musicla de chambre de Boris
Pokrovski, metteur en scène qui a fait une très grande carrière au
Bolchoï avant d’en devenir le dissident. Pokrovski tient passionnément
à Mozart, dont il a monté tous les opéras, y compris les moins joués.
La troupe s’est également aventurée dans un répertoire encore moins
joué en Russie, celui de Haendel.
La compagnie s’est formée il y a
environ 30 ans autour de Boris Pokrovski, longtemps directeur de scène du
Bolchoi, afin de représenter des opéras sur une scène plus intime que
celle du Bolchoi. Toujours dirigé par Pokrovski, aujourd’hui âgé de
90 ans, et fidèle à ses idées, la compagnie a choisi de représenter l’opéra
favori de Haendel « Jules César en Egypte » en Italien.
Souvent transporté dans un contexte
contemporain par les metteurs en scène occidentaux, Jules César
bénéficie avec Pokrovski d’un traitement beaucoup plus traditionnel, c’est
à dire des décors et costumes antiques. Surprenant sont les détails
très précis et abondants réalisés par Viktor Volsky pour cette
production, hormis une pyramide assez incongrue en arrière plan. Les
costumes taillés par le frère du décorateur, Rafael Volsky, sont
régalement travaillés dans le détails et démarquent nettement les
égyptiens des romains.
La mise en scène est enjouée,
rapide et légère, et sans le moindre cliché. Les chanteurs surmontent
les grandes difficulités que présente le chant haendelien mais une
décision tout à fait surprenante et impensable en occident embarrasse
cette production. Les rôles de Tolomeo et de César, écrits par Haendel
pour des voix de femme ou de castrats, sont ici transposés pour voix de
barytons. Ces derniers font difficilement face à la très riche
ornementation de la partition. Encore plus étonnant est le choix de
couper tous les « da capo » afin de gagner du temps. Il est
considéré comme plus judicieux, lorsqu’il s’agit de gagner du temps
ou de l’efficacité dramatique, de supprimer complètement quelques airs
et de garder les aria da capo entiers.
Cette production est donc étonnante à plusieurs titre, et l’intérêt
de s’y rendre consiste aussi dans le fait qu’on ne risque pas d’entendre
un tel Jules César ailleurs.
Emmanuel
Grynszpan
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